1.7.5. Conseils esthétiques et pratiques#
Les règles de la sémiologie graphique donnent une base solide pour créer une carte de qualité. Elles permettent de s’assurer que la représentation des données puisse être efficace. Mais les règles ne permettent pas de définir tous les aspects d’une carte. Ainsi, il y a tout de même toute une série d’aspects esthétiques qui ne sont pas du tout couverts. Même en suivant les règles de la sémiologie graphique on pourra créer des cartes moches. Or, le lecteur ne va pas nécessairement faire confiance dans une carte de qualité esthétique médiocre. Il est donc important, en plus de suivre les règles de la sémiologie graphique, de faire attention à la qualité graphique de nos cartes.
Les conseils qui suivent viennent de la pratique et de l’expérience de plusieurs générations de cartographes et spécialistes dans la visualisation d’information. Un ouvrage de référence dans ce domaine est le livre The Visual Display of Quantitative Inforamtion d’Edward R. Tufte, édité en 1983, ainsi que d’autres ouvrages qui ont suivi (dont Tufte, 1990 et 1997). Il y a aussi les ouvrages de Colin Ware qui ont marqué le domaine de la visualisation d’information (notamment Ware 2008 et 2013).
Voici quelques conseils qu’il est bon de suivre:
Faites des cartes simples. Ne pas faire des cartes avec trop de variables, par exemple. Typiquement, ne faites pas des combinaisons inhabituelles de variables visuelles.
Représentez directement ce que vous voulez montrer. Par exemple, si vous voulez montrer l’évolution de la population entre 2015 et 2020, faites une carte de l’évolution entre 2015 et 2020 et non pas une carte pour 2015 et une autre pour 2020 en espérant que le lecteur trouvera les différences. Une carte n’est pas un concours de type trouvez les 10 différences.
Le contenu doit être mis en avant, au détriment de la forme qui doit passer inaperçu. La façon la plus simple d’y arriver est de garder le fond de carte en tons de gris légers et de faire ressortir le contenu à l’aide de l’utilisation d’une couleur. Ceci est typiquement valable aussi pour des éléments comme les lacs ou les cours d’eau qui peuvent très bien être représentés en blanc ou gris clair et non pas en bleu. Au niveau du fond de carte, on peut souvent faire des contours blancs relativement fins (p.ex. 0.4 pt) autour des polygones. Un contour en noir augmente souvent inutilement le contraste au niveau du fond de carte, contraste qui doit être réservé pour la thématique.
Maximiser la taille de la carte. Sur une page, on va typiquement devoir partager la place pour la carte avec les éléments comme le titre ou la légende. Essayez de maximiser la place pour les éléments importants à être mis en évidence, donc typiquement la carte. Suivant comment, le titre et la légende peuvent se trouver dans le même espace que la carte, au moins si la géométrie de la région cartographiée le permet.
Favoriser les formes simples. Donc pour une carte en symboles proportionnels, les carrés fonctionnent bien, ou les cercles proportionnels si vous pensez à appliquer la correction de Flannery. Ne pas utiliser des formes inhabituelles.
Utilisez des couleurs sobres mais fortes. Les couleurs sont réservées aux éléments thématiques et permettent de les mettre en évidence. Il est important de garder un contraste bien marqué.
Enlevez les éléments inutiles. Souvent, on a tendance à ajouter des éléments pour la “décoration”. Ceci peut être par exemple un cadre autour de la carte, cadre qui n’est généralement pas utile. Ou parfois, on a envie d’ajouter un titre “Légende” à la légende (certains logiciels le font d’ailleurs d’office). Mais si on ne voit pas que votre légende est une légende, vous avez de toute manière un problème. Et si on voit que c’est une légende, pas besoin de l’ajouter sous forme de titre…
Adoptez une typographie claire et précise. N’utilisez pas des polices de caractères exotiques. Restez avec les polices classiques tels que Arial, Frutiger, Helvetica, Myriad, Open Sans, Verdana ou polices similaires.
Il y a bien évidemment d’autres bons conseils à suivre. Nous verrons certains plus tard dans le cours, notamment au moment où nous discuterons les éléments d’habillage de la carte, comme la légende, le titre, l’échelle etc.
1.7.5.1. Références#
Tufte, E. R. (1983). The visual display of quantitative information. Cheshire, CT: Graphics Press.
Tufte, E. R. (1990). Envisioning information. Cheshire, CT: Graphics Press.
Tufte, E. R. (1997). Visual explanations: Images and quantities, evidence and narrative. Cheshire, CT: Graphics Press.
Ware, C. (2008). Visual thinking for design. Waltham, MA: Morgan Kaufman.
Ware, C. (2013). Information visualization: Perception for design. 3e édition. Waltham, MA: Morgan Kaufman.