Sémiologie graphique

1.7. Sémiologie graphique#

La cartographie utilise différents signes graphiques pour encoder l’information. Ces signes définissent un langage visuel qui permet de représenter les données spatiales graphiquement. Ces signes doivent être soigneusement choisis pour qu’ils soient clairs et compréhensibles, et pour ne pas prêter à la confusion.

La sémiologie graphique est une discipline qui étudie les signes et les symboles dans le but d’encoder l’information pour une communication efficace, efficiente et compréhensible. Parfois, la sémiologie graphique est aussi appelée grammaire graphique, parce qu’elle contient notamment des règles d’utilisation des symboles et signes graphiques.

La sémiologie graphique avait été établie par Jacques Bertin dans son ouvrage «Sémiologie graphique» de 1967 (voir aussi l’article sur Jacques Bertin sur Hypergeo). L’ouvrage avait été ré-édité à plusieurs reprises (p.ex. en 1973, 1977) et aussi traduit en anglais.

La sémiologie graphique repose sur les éléments suivants:

  1. Les variables visuelles, aussi appelées variable rétiniennes. Ce sont les aspects modifiables d’un signe graphique.

  2. Les unités graphiques. Il s’agit des types d’éléments graphiques pour définir la représentation d’une information. Il y a trois catégories d’unités de représentation, qui sont les points, les lignes et les surfaces. Il faut noter que ces unités graphiques ne sont pas les mêmes que les types de géométries de la Simple Feature Specification. Les unités graphiques sont au niveau de la représentation de l’information, tandis que la Simple Feature Specification définit un modèle du territoire.

  3. La nature de données à représenter. Il s’agit du genre d’information à représenter graphiquement. Généralement, la sémiologie distingue trois types de données, qui sont:

  • L’information continue, appelée aussi variable relative, variable d’ordre ou variable de structure. Elle représente des données comme les densités, proportions, taux ou pourcentages.

  • L’information discontinue, appelée aussi variable absolue, variable numérique (!!!) ou variable de taille. Elle représente des données d’effectifs, comme des nombre d’habitants ou autres nombres.

  • L’information catégorielle, aussi appelée variable de différentiation. Il s’agit de données qui représentent des catégories ou groupes (p.ex. homme / femme, la langue parlée), référées en statistiques sous le terme de variable nominale, ou des catégories séquentielles qui sont des catégories avec un ordre logique (p.ex. la catégorie d’une route, une séquence du genre “petit, moyen, grand”, etc.), référées en statistiques sous le terme de variable ordinale.

Le rôle de la sémiologie graphique et d’organiser les signes, symboles et les données à représenter et définir les règles qui permettent une lecture claire, rapide et univoque des informations visualisées. La sémiologie graphique est donc cruciale en cartographie, comme d’ailleurs en visualisation d’information en général (p.ex. lors de la création d’un graphique simple dans Excel), afin d’éviter que le lecteur de la carte (ou du graphique) soit induit en erreur.

Un peu plus tard, nous allons regarder les principales variables visuelles ainsi que les différents types de données, pour finalement combiner les deux pour arriver aux règles de la sémiologie graphique. Mais avant cela, nous allons découvrir comment on peut déterminer si une carte ou un graphique est bon ou pas, pour arriver aux principes qui déterminent la qualité d’une visualisation. Dans ce petit voyage, nous allons traiter des cartes, surtout des cartes thématiques, mais aussi d’autres types de visualisations comme les graphiques. Les principes qui déterminent la qualité d’une carte ou d’un diagramme sortant d’Excel sont les mêmes, et les différences entre les différentes formes de visualisation sont relativement petites.


Références:

Bertin, J. (1967). Sémiologie Graphique. Les diagrammes, les réseaux, les cartes. Paris, La Haye, Mouton, Gauthier-Villars, 1967. 2e édition: 1973, 3e édition: 1999, EHESS, Paris.